Theory and History of Ontology (www.ontology.co)by Raul Corazzon | e-mail: rc@ontology.co

Bibliographie des études en Français sur les Catégories d'Aristote

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Aristotle's Categories

Bibliographie

  1. Achard, Martin. 2000. "Tradition et histoire de l'Aristotélisme. Le point de vue des indices externes dans le problème de l'authenticité du traité des Catégories." Laval Théologique et Philosophique no. 56:307-351

    Résumé : "Un examen critique des indices externes mis de l'avant pour défendre l'authenticité des Catégories ne permet pas de conclure de façon positive. On trouvera ici un résumé de l'état de la question de ce point de vue externe, plutôt qu'une analyse du contenu du traité qui seule pourrait faire avancer le débat."

  2. Aubenque, Pierre. 1962. Le problème de l'être chez Aristote. Éssai sur la problématique aristotélicienne. Paris: Presses Universitaires de France

    "Notre ambition est simple et se résume en peu de mots : nous ne prétendons pas apporter du nouveau sur Aristote, mais au contraire tenter de désapprendre tout ce que la tradition a ajouté à l 'aristotélisme primitif. On pourrait sourire de cette prétention et n' y voir que la fausse modestie de tout interprète, toujours préoccupé d 'annoncer qu'il va laisser parler son auteur. Mais cette volonté de dépouillement et de retour aux sources a, lorsqu 'il s' agit d'Aristote, un sens précis. Ce n 'est pas ici le lieu de rappeler dans quelles conditions, de mieux en mieux dégagées par l 'érudition contemporaine (3) , l 'oeuvre d 'Aristote a été transmise à la postérité.

    Mais il n'est pas indifférent, même et surtout pour la compréhension philosophique, d'avoir touj ours présentes à l'esprit les circonstances particulières de cette transmission : l 'Aristote que ous connaissons n 'est pas celui qui vivait a u ive siècle av. J .-C., philosophe philosophant parmi les hommes, mais un Corpus plus ou moins anonyme édité au 1er siècle av. J .-C. Il n 'est pas surtout que, dans l'ignorance de la chronologie, nous ayons décidé d 'envisager ces écrits comme s' ils étaient contemporains les uns des autres et que nous ayons entrepris d ' en dégager une doctrine commune : il va de soi que notre compréhension du kantisme en eût été singulièrement altérée et probablement affadie. Une première conclusion s'impose, qui va à l 'encontre d'une erreur d'optique largement répandue : les commentateurs, même les plus anciens, et même s'ils avaient en leur possession des textes que nous avons perdus depuis lors, n'ont par rapport à nous aucun privilège historique. Commentant Aristote plus de quatre siècles après sa mort, séparés de lui non par une tradition continue, mais par une éclipse totale de son influence proprement philosophique, ils n'étaient pas mieux placés que nous pour le comprendre. Comprendre Aristote autrement que les commentateurs, même grecs, ce n'est donc pas nécessairement le moderniser, mais peut-être s'approcher davantage de !'Aristote historique." (pp. 3-4. deux notes omises)

    (3) Cf. surtout P. Moraux, Les listes anciennes des ouvrages d'Aristote, Louvain, 1951.

  3. ———. 1967. "Aristote et le langage." Annales de la Faculté des Lettres d'Aix no. 43:85-105

    Avec une "Note annexe sur les Catégories d'Aristote. Á propos d'une article de M. Benveniste" (pp. 103-105), sur Émile Benveniste, Catégories de pensée et catégories de langage, Études Philosophiques, 4, 1958.

    Repris dans: P. Aubenque, Problèmes aristotéliciens. I. Philosophie théorique, Paris, Vrin 2009, pp. 11-30.

    "L’étude ci-dessus était entièrement rédigée lorsque nous avons pris connaissance d’un important article de M. E. Benveniste sur «Catégories de pensée et catégories de langage », qui nous avait échappé lors de sa première publication (Études philosophiques, n° 4,1958) et qui vient d’être reproduit dans un ouvrage du même auteur, Problèmes de linguistique générale (Paris, 1966, p. 63-74). Dans cette étude, l’éminent linguiste veut montrer, en prenant comme exemple la liste des dix catégories d’Aristote, que des catégories qui se donnent pour des « catégories de pensée », donc pour des «catégories universelles», sont, en réalité, quoique de façon «inconsciente» (p. 63), des «catégories linguistiques», lesquelles sont toujours « catégories d’une langue particulière» (p. 65): ainsi, «Aristote, raisonnant d’une manière absolue, retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense » (p. 66)." (p. 26)

    (...)

    "Le langage est avant la lettre pour Aristote l’équivalent de ce que Kant appellera le « transcendantal » et quel’ auteur de la Critique de la Raison pure aura peut-être le tort de vouloir chercher dans une pensée qui serait en deçà du langage - comme si une telle pensée existait. En tout cas, lorsque M. Benveniste dit des «penseurs grecs» que «les catégories [grammaticales] qu’ils ont instaurées (nom, verbe, genre grammatical, etc.) reposent toujours sur des bases logiques ou philosophiques» (p. 19), nous ne pouvons pas le suivre, dans l’exacte mesure où lui-même nous montre que la philosophie grecque des catégories et la logique grecque de l’attribution tirent leur substance de leur substrat linguistique. En fait, la grammaire grecque dérive bien de la logique et de la philosophie, mais d’une logique et d’une philosophie qui, chez Aristote du moins, sont une réflexion sur le langage. C’est ce mouvement qui, du langage spontané, conduit par la philosophie à son « administration » par la logique et la grammaire, que nous avons essayé de décrire chez Aristote." (p. 29)

  4. ———, ed. 1980. Concepts et catégories dans la pensée antique. Paris: Vrin

    Table de matières : Pierre Aubenque : Preface VII-XIV; I. Denis O'Brien : Bibliographie annotée des études principales sur les Catégories d'Aristote (1794-1975) 1; Bertrand Dumoulin : Sur l'authenticité des Catégories d'Aristote 23; II. Jean-François Courtine : Note complémentaire pour l'histoire du vocabulaire de l'êtr e: les traductions latines d'ousia et la comprehénsion romano-stoïcienne de l'être 33; Denis O' Brien : Quantité et contrariété : une critique de l'école d'Oxford 89; Françoise Caujolle-Zaslawsky : Les relatifs dans les Catégories 167; Michel Narcy : Qu'est-ce une figure? Une difficulté de la doctrine aristotélicienne de la qualité (Catégories 8, 10b 26 - 11a 14) 197; Philippe Hoffmann : Les catégories pou et pote chez Aristote et Simplicius 217; Lauri Routila : La definition aristotélicienne du temps 247; Nicolas Vamvoukakis : Les catégories aristotéliciennes d'action et de passion vues par Simplicius 253; Jean Pépin : Clément d'Alexandrie, les Catégories d'Aristote et le fragment 60 d'Héraclite 271; III.Rémi Brague : De la disposition. A propos de diathesis chez Aristote 285; Pierre Hadot : Sur divers sens du mot pragma dans la tradition philosophique grecque 309; Alexandre J.-L. Delamarre : La notion de ptôsis chez Aristote et les Stoïciennes 321; Index des passages cités 347; Index des noms propres 355.

    "Les études ici rassemblées sont issues des travaux du Centre de recherches sur la Pensée antique de l’Université de Paris-Sorbonne (Centre Léon-Robin), laboratoire associé au C.N.R.S. Elles s’inscrivent dans un projet d’ensemble, qui vise à dégager les interférences entre pensée et langage dans le monde antique. Il nous a semblé que la question devait être envisagée d’abord à propos des catégories, ces concepts généraux qui organisent la perception et la compréhension que nous avons des choses et du monde et dont on peut se demander s’ils sont des structures universelles de toute pensée ou s’ils sont liés aux particularités sémantiques ou syntaxiques d’un système linguistique déterminé." (Préface, VII)

    (...)

    "Dans le séminaire qui est à l’origine des contributions qu’on lira ci-dessous, nous avons pris pour base le texte du traité aristotélicien des Catégories et son commentaire par Simplicius, lequel nous a du reste amenés à étendre nos recherches du côté du néoplatonisme. Après une bibliographie critique due à D. O’Brien et une étude de B. Dumoulin, qui s’interroge sur l’authenticité aristotélicienne du traité des Catégories, on trouvera dans ce recueil des études consacrées à chacune des principales catégories : l’essence et ses traductions latines (J. F. Courtine), la quantité (D. O’Brien), la relation (F. Zaslawsky), la qualité (M. Narcy), l’action et la passion (N. Vamvoukakis), le lieu et le temps (Ph. Hoffmann et L. Routila). Une étude qu’a bien voulu nous confier J. Pépin éclaire ensuite, sur un point particulier, la postérité des catégories aristotéliciennes.

    A la façon dont le traité des Catégories se termine par des « Post-prédicaments », nous avons joint à ce recueil trois études portant sur des notions générales et difficilement définissables, liées d’une façon ou d’une autre à la problématique des catégories, et dont l’examen autorise d’intéressantes comparaisons entre l’aristotélisme et d’autres doctrines, notamment le stoïcisme : il s’agit des notions de pragma (P. Hadot), de diathesis (R. Brague) et de ptôsis (casus) (J. L. Delamarre)." (Préface, XIV)

  5. ———. 1980. "Pensée et langage chez Aristote. À propos des Catégories." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, VII-XIV. Paris: Vrin

    Repris dans P. Aubenque, Problèmes aristotéliciens. Philosophie théorique, Paris: Vrin 2009, pp. 31-38.

    "La question des rapports entre la pensée et le langage s’est cristallisée dans l’Antiquité autour de la notion de catégorie. Cette expression désigne à partir d’Aristote les concepts généraux qui organisent la perception et la compréhension que nous avons des choses et du monde. Certes, de tels concepts apparaissent à Aristote comme des catégories objectives de l’être et non comme des catégories subjectives de la pensée. Mais cette opposition n’est pas aussi tranchée qu’il y paraît, car les catégories sont d’abord et avant tout des catégories du langage. Or il est permis aujourd'hui de se demander, avec les progrès de la linguistique et de la philosophie comparée, si les catégories aristotéliciennes sont des structures universelles de toute pensée, universelles parce que reflets objectifs de la réalité, ou si elles sont liées aux particularités contingentes, tant syntaxiques que sémantiques, d’un système linguistique déterminé.

    Pour apporter quelques éléments de réponse à cette question, on voudrait ici, sinon esquisser une histoire de la doctrine des catégories, du moins indiquer quels problèmes d’interprétation ont été soulevés à leur propos dès l’Antiquité et montrer comment cette problématique traditionnelle s’est enrichie depuis le xixe siècle de perspectives nouvelles." (p. 31)

  6. Barnes, Jonathan. 2005. "Les Catégories et les catégories." In Les Catégories et leur histoire, edited by Bruun, Otto and Corti, Lorenzo, 11-80. Paris: Vrin

    "Bien que maintes préfaces affirment le contraire, les actes d’un colloque ne constituent jamais un livre. Les Actes du Colloque de Genève ne font pas exception: même si un thème commun les unifie, ils ne racontent pas une histoire linéaire. C’est pourquoi nous avons ajouté aux Actes une longue introduction. Ce chapitre, Les Catégories et les Catégories, de la plume de Jonathan Bames, vise à esquisser, dans ses grandes lignes, l’histoire des Catégories d’Aristote et de la théorie aristotélicienne des Catégories, et d’y encadrer les différents épisodes décrits par chacun des chapitres suivants. Un lecteur qui voudrait lire ce volume comme on parcourerait un livre pourrait donc suivre le texte de l’introduction, tout en y intercalant les chapitres là où une note en bas de page les mentionne. L’index nominum et rerum, l’index locorum et la bibliographie, qui se trouvent à la fin de ce volume et qui s’appliquent à tous les chapitres, lui permettront d’établir d’autres liens entre eux." (Préface, p. 7)

  7. Benveniste, Émile. 1958. "Catégories de pensée et catégories de langue." Les Études Philosophiques no. 13:419-429

    Repris dans: É. Benveniste, Problèmes de linguistique générale, Paris: Gallimard, 1966, pp. 63-74.

    Translated in English as Categories of Thought and Language, by Mary E. Meek in: Problems in General Linguistics, Coral Gables: University of Miami Press, 1971, pp. 55-64.

    "Tout en admettant que la pensée ne peut être saisie que formée et actualisée dans la langue, avons-noue le moyen de reconnaître à la pensée des caractères qui lui soient propres et qui ne doivent rien à l'expression linguistique ? Nous pouvons décrire la langue our elle-même. Il faudrait de même atteindre directement la pensée. S'il était possible de définir celle-ci par des traits qu lui appartiennent exclusivement, on verrait du même coup comment elle s'ajuste à la langue et de quelle nature sont lrurs relations.

    Il semble utile d'aborder le problème par la voie des « catégories » qui apparaissent en médiatrices. Elles ne présentent le même aspect suivant qu'elles sont catégories de pensée ou catégories de langue. Cette discordance même pourrait nous éclairer sur leur nature respective.

    (...)

    "Or, nous avons la bonne fortune de disposer de données qu'on dirait prêtes pour notre examen, élaborées et présentées de manière objective, intégrées dans un ensemble connu : ce sont lea catégories d'Aristote."

    (...)

    "Aristote pose ainsi la totalité des prédicats que l'on peut affirmer de l'être, et il vise à définir le statut logique de chacun d'eux. Or, il nous semble - et nous essaierons de montrer - que ces .distinctions sont d'abord des catégories de langue, et qu'en fait Aristote, raisonnant d'une manière absolue, retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense. Pour peu qu'on prête attention à l'énoncé des catëgories et aux exemples qui les illustrent, cette interprëtation, non encore proposée apparemment, se vérifie sans longs commentaires. Nous passons en revue successivement les dix termes." (pp. 65-66)

  8. Bernier, Réjane. 1999. "La quantité chez Aristote : son rôle en physique, mathématique et métaphysique." Archives de Philosophie no. 62:595-637

    Résumé : "L'article présente d'abord quelques considérations épistémologiques et rappelle que, pour Aristote, le principe de connaissance de la quantité est le sens commun qui regroupe et unifie les données des sens propres relativement à chacun de leurs objets. Par la suite, l'étude analyse les différents modes de quantité : discrète et concrète et montre que, en physique, c'est surtout la quantité concrète qui joue un rôle dans l'être matériel en étant à l'origine des déterminations des espèces de qualités : 1) états - dispositions et aptitudes - inaptitudes ; 2) qualités sensibles ; 3) forme-figure. L'article soulève les difficultés du passage de la physique à la mathématique et recherche la nature de la quantité utilisée en géométrie. En dernier lieu, il propose une réflexion sur l'être de la quantité et signale les difficultés soulevées par la considération d'une part, de la quantité comme accident proposée dans les Catégories et d'autre part, de celle de la matière composante de la substance de la théorie hylémorphique. L'étendue au terme de l'abstraction des dimensions est-elle autre que la matière ?"

  9. Bodéüs, Richard. 1984. "Aux origines de la doctrine aristotélicienne des Catégories." Revue de Philosophie Ancienne no. 2:121-137

    "Les commentateurs anciens d'Aristote avaient l'habitude de justifier le titre des ouvrages du Stagirite qu'ils se proposaient d'expliquer(1). Touchant le court traité des Catégories, certains ont eu soin de noter d'emblée que le terme Κατηγορία n'avait point, en l'occurrence, la signification ordinaire que lui confère la langue du droit ("accusation" ou "chef d'accusation") (2). Mais aucun ne s'est risqué à dire si la signification du même terme dans le langage spécialisé de la logique avait quelque rapport avec celle, d'ailleurs historiquement plus ancienne, que possède le mot dans le vocabulaire judiciaire. Aussi bien n'ont-ils pas, non plus que les modernes à notre connaissance, posé la question de savoir dans quelle mesure la notion aristotélicienne de "catégorie" et, plus généralement, la doctrine des figures de prédication pouvaient être héritées des réflexions que fit naître, en Grèce, la pratique des tribunaux et des cours de justice.

    C'est cette question que nous voudrions ici tâcher d'éclairer." (p. 121, note 3 omise)

    (1) A ce sujet, voir, en dernier lieu; P. Donini, Le scuole, l'anima, l'impero: la filosofia antica da Antioco a Plotino, Turin, 1982, pp. 54 sqq.

    2. Comparez, par exemple: Olympiodore dans CIAG, XII, p. 22; Philopon dans CIAG, XIII, l, p. 12 et Elias dans CIAG, XVIII, p. 127.

    CIAG = Commentaria in Aristotelem Graeca.

  10. ———. 1995. "Sur l'unité stylistique du texte des Catégories." In Aristotelica Secunda. Mélanges offerts a Christian Rutten, edited by Motte, André and Denooz, Joseph, 141-154. Liège: Université de Liège. Faculté de Philosophie et Lettres

    "Monsieur Christian Rutten a jadis proposé une chronologie relative de différents morceaux découpés dans le texte des Catégories(= C) (1). Mais il a naguère reconnucomme « non négligeables» les arguments de M. Frede en faveur de l'unité de ce texte sur le plan linguistique(2). Il acceptera donc, je l'espère, de considérer les observations que j'avance ici à l'appui de la même thèse.

    L'enjeu de celle-ci est la question de savoir si le texte de C, comme on le croit traditionnellement, juxtapose artificiellement l'ébauche d'un traité des « catégories» (chap. 1-9 = CA) et les notes qui constituent les « postprédicaments » (chap. 10-15 = CB) ou bien s'il présente, au contraire, les pièces d'une enquête unitaire, d'abord intitulée Avant les lieux, où entrent, au même titre, les exposés de Ia première et ceux de la seconde partie, de la même façon que dans le répertoire analogue de Métaphysique Λ. En faveur de la seconde hypothèse, il y a précisément le parallélisme des matières principales traitées en C et en Λ 3. Ce parallélisme ne nie pas les différences de toutes sortes, spécialement doctrinales, entre les deux répertoires, mais il établit empiriquement la possibilité que C soit, lui aussi, comme Λ, un répertoire qui unit en série les distinctions de CA et de CB. L'unité stylistique de ces deux parties devrait offrir à cet égard un argument supplémentaire. On l'établira, ci-après, en relevant les ressemblances significatives qu'on peut observer entre CA et CB et qui paraissent opposer leur style commun à celui, différent, de Λ." (pp. 141-142)

    (1) Voir Chr. Rutten, Stylométrie des Catégories, in Aristotelica. Mélanges offerts à Marcel De Cane, Bruxelles-Liège, 1985, p. 315-336.

    (2) Introduction à Aristote. Categoriae. Index verborum. Listes de fréquence, par B. Colin et Chr. Rutten, Liège, 1993, p. 11, qui renvoie à M. Frede, Titel, Einheit und Echtheit der aristotelischen Kategorienschrifts, in Zweifelhaftes lm Corpus Aristotelicum, Akten des 9. Symposium Aristotelicum, herausgegeben von P. Moraux und J. Wiesner, Berlin-New York, 1983, p. 19-20; étude reprise en anglais dans M. Frede, Essays in Ancient Phylosophy, Minneapolis, 1987, p. 11-28 (spécialement p. 22-23).

    (3) Comparez CA, 5 et Λ, 8 ; CA, 6 et Λ, 13 ; CA, 7 et Λ, 15 ; CA, 8 et Λ, 14 ; CB, 10 et Λ, 10 ; CB, 12 et Λ, 11; CB, 15 et ÀΛ, 23.

  11. ———. 1996. "En relisant le début des Catégories. L'expression λόγος τς οσίας." Revue des Études Grecques no. 109:709-718

    "Les commentateurs anciens d'Aristote avaient l'habitude de justifier le titre des ouvrages du Stagirite qu'ils se proposaient d'expliquer(1). Touchant le court traité des Catégories, certains ont eu soin de noter d'emblée que le terme κατηγορία n'avait point, en l'occurrence, la signification ordinaire que lui confère la langue du droit ("accusation" ou "chef d'accusation") (2). Mais aucun ne s'est risqué à dire si la signification du même terme dans le langage spécialisé de la logique avait quelque rapport avec celle, d'ailleurs historiquement plus ancienne, que possède le mot dans le vocabulaire judiciaire. Aussi bien n'ont-ils pas, non plus que les modernes à notre connaissance, posé la question de savoir dans quelle mesure la notion aristotélicienne de "catégorie" et, plus généralement, la doctrine des figures de prédication pouvaient être héritées des réflexions que fit naître, en Grèce, la pratique des tribunaux et des cours de justice.

    C'est cette question que nous voudrions ici tâcher d'éclairer (3)." (p. 709)

    (1) A ce sujet, voir, en dernier lieu; P. Donini, Le scuole, l'anima, l'impero: la filosofia antica da Antioco a Plotino, Turin, 1982, pp. 54 sqq.

    (2) Comparez, par exemple: Olympiodore dans CIAG, XII, p. 22; Philopon dans CIAG, XIII, l, p. 12 et Elias dans CIAG, XVIII, p. 127.

    (3) Simplicius (Comm. in Cat., 2, pp. 15 - 25), suivi par Ammonios (Comm. in Cat., 14, 1 - 3; 54. 3), déclarait que l'inventeur des catégories n'était pas Aristote, mais Archytas de Tarente. Il ajoutait cependant que l'ordonnance des catégories en système était l'oeuvre d'Aristote. En l'absence de renseignements précis sur l'originalité d'Archytas, nous sommes exposés au risque de prêter au Stagirite des trouvailles dont il

    n'a peut-être pas le mérite. Nous tâcherons ici d'éviter l'écueil en considérant principalement la systématisation des catégories en une doctrine et en nous demandant ce que pareille systématisation pourrait devoir à une réflexion sur les pratiques judiciaires.

    CIAG = Commentaria in Aristotelem Graeca

  12. ———. 1997. "Le texte grec des "Catégories" d'Aristote et le témoignage du Commentaire de Porphyre." Documenti e Studi sulla Tradizione Filosofica Medievale no. 8:121-141.

  13. ———. 1997. "Sur un passage corrompu des Catégories d'Aristote." Philologus no. 141:39-45

    "Je voudrais ici tâcher de résoudre un problème épineux que pose l'établissement du texte d'Aristote en Catégories, 5, 2b 3 - 6 et tirer les enseignements que suggère la solution de ce probleme.

    Voici le contexte où prend place le passage litigieux que je considère. Ayant distingué la substance de ses accidents (qui sont dans un sujet) et la substance premiere de la substance seconde (qui se dit d'un sujet) , Aristote pose, en 2 a 34-35, la these suivante: «tout le reste ou bien se dit de sujets que sont les substances premieres ou bien se trouvent en elles comme sujets». Cette these étant posée, le philosophe passe ä son illustration ä l'aide de deux exemples, l'un de nature substantielle, l'autre de nature accidentelle (1 a 35-b 3), puis, il conclut. C'est ici que se situe le passage controverse." (p. 39)

  14. ———. 1997. "Une glose chrétienne fourvoyée dans le texte des Catégories d'Aristote." Revue des Études Grecques no. 110:627-631

    "Le texte intitulé traditionnellement Catégories, qui fait partie du Corpus Aristotelicum, n'a rien d'un texte théologique. Et s'il y est question de la «substance première» (2 A 11 et sqq.), cette appellation ne vise pas la substance divine ; elle est réservée à toutes les individualités substantielles, par opposition à leurs espèces et à leurs genres, réputés « substances secondes ».

    En fait, l'époque hellénistique semble d'abord avoir reconnu dans ce texte un recueil de distinctions à l'usage de la dialectique. Il portait alors le titre Avant les lieux (Τα προ τών τοπών), attesté dans les plus anciens catalogues des oeuvres d'Aristote (Diogène-Laërce, V, 24; Vita Menagiana, n° 57 dans Ar. opera, III, Ed. Ο. Gigon, Berlin, 1987, p. 25 a 8). Encore défendu comme authentique au IIe siècle de notre ère, notamment par Adraste d'Aphrodise et Herminos, ce titre ancien paraît avoir été disqualifié très tôt au profit de l'appellation Catégories, peut-être déjà par Andronicos de Rhodes (Ier siècle avant J.-C.) et ses principaux successeurs, qui placèrent l'ouvrage en question en tête du Corpus.

    Cette situation nouvelle entraîna plusieurs conséquences. Passant pour une introduction à la philosophie aristotélicienne, le traité reçut une avalanche de commentaires jusqu'à la fin de l'Antiquité et bien au-delà. D'autre part, l'attention des commentateurs se concentra sur la première partie du texte, la seule où il soit question des quatre principales « catégories » (substance, quantité, relation et qualité), et avec laquelle, selon certains manuscrits médiévaux, s'achève le traité des Catégories (τέλος τών 'Αριστοτέλους κατηγοριών, lit-on, après 11 b 15, dans le Vat. Urbinas 35, le Ven. Marcianus gr. 201 et le Flor. Laurentianus gr. 72,5). Quoique beaucoup plus maigres, des commentaires anciens de la seconde partie sont néanmoins conservés.

    Ceux de Dexippe, Ammonios, Simplicius, Philopon, Olympiodore et David (Elias) l'ont été dans des manuscrits indépendants. Certains alternent, dans d'autres manuscrits, avec le texte des Catégories lui-même; on en retrouve aussi la trace sous forme de gloses marginales, dans plusieurs manuscrits (à commencer par Y Urbinas 35), qui transmettent essentiellement le texte des Catégories et où se mêlent d'autres gloses de provenances diverses, que l'on n'a pas encore étudiées en profondeur. Je propose ici d'identifier l'une de ces dernières gloses, qui paraît d'origine chrétienne et qui s'est introduite dans le texte des Catégories, tel que rapporté dans plusieurs manuscrits importants, parce qu'anciens." (p. 627)

  15. ———. 2005. "La substance première dès Catégories à la Métaphysique." In La "Métaphysique"d'Aristote : Perspectives Contemporaines, edited by Narcy, Michel and Tordesillas, Alonso, 131-144. Paris: Vrin

    "L’opinion commune aujourd’hui veut que la Métaphysique (en tout cas. les livres centraux ΖΗΘ) modifie l’ontologie ancienne qu’Aristote aurait défendue dans le traité des Catégories. Cette opinion « génétiste » repose sur deux arguments. D’un côté, la Métaphysique transférerait sur la forme individuelle la primauté sustantielle reconnue par les Catégories au composé individuel ; de l’autre, elle refuserait désormais le statut de substance attribué à l’universel par les Catégories. La théorie des Catégories serait ancienne en ceci qu’elle témoignerait d’une époque où l’individu substantiel n’aurait pas encore été analysé de façon appropriée en forme et matière(2).

    L’opinion commune et ses arguments perdent de leur crédit si l’on peut montrer d’abord que l’analyse de l’individu se présente, en fait, de manière identique dans tous les textes incriminés." (pp. 131-132)

    (2) « L’analyse des Catégories est antérieure. [...] Aucun des ouvrages inclus dans l’Organon [...] ne mentionne la matière. La raison peut en être (i) qu’Aristote n’y avait pas , encore pensé (sic), ou (ii) qu’il pensait que cela n’avait rien à voir avec les sujets étudiés dans l’Organon. La première explication est probablement (bien qu’elle n’ait rien d’incontestable) préférable » (T. Irwin & G. Fine, Aristotle : Sélections, Translated with Introduction, Notes, and Glossary, Indianapolis-Cambridge, 1995, p. xvi).

  16. Brague, Rémi. 1980. "De la disposition. A propos de DIATHESIS chez Aristote." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 285-307. Paris: Vrin

    "Le mot diathesis a connu dans l’histoire de la langue et de la pensée grecques, depuis son apparition, probablement chez Antiphon le Sophiste, jusqu’à l’explosion rhétorique, patristique, scientifique, un parcours long et mouvementé. Il ne s’est jamais fixé sur une seule acception technique, et il est resté toujours ouvert sur l’évolution vivante de la langue, dont il a sans cesse reçu de nouvelles spécialisations. S’il est difficile d’en isoler le sens ou les sens proprement philosophique(s) de ses autres acceptions, techniques ou non, il est facile de le traduire : le français « disposition » le décalque assez exactement, et en reprend à peu près tous les aspects. Chez Aristote également, le mot, ainsi que les verbes qui y correspondent, a de multiples sens. Plutôt que d’en rechercher une unité a priori ou que de classer ses différentes acceptions, nous essaierons de parcourir la série de celles-ci en suivant la logique interne du concept." (p. 285)

  17. Brentano, Franz. 2000. Aristote. Les significations de l'être. Paris: Vrin

    Traduction française par Pascal David de Von der mannigfachen Bedeutung des Seienden nach Aristoteles (1862).

  18. Brunschwig, Jacques. 1969. "La proposition particulière et les preuves de non-concluance chez Aristote." Cahiers pour l'Analyse no. 10:3-26

    Repris dans Albert Menne, Niels Öffenberger (Hrsg.), Über den Folgerungsbegriff in der aristotelischen Logik, Hildesheim: Georg Olms, 1982, pp. 182-205.

    "Je me propose ici d' étudier une incidence particulière avec quelque détail: le problème que posent le sens et l'usage de la proposition particulière, notamment en rapport avec le rôle qu'elle joue dans les procédures par lesquelles est démontrée la non-concluance des couples de prémisses autres que ceux des modes syllogistiques valides. J'espère en effet montrer que les textes relatifs à ces questions manifestent une modification significative de l'attitude d'Aristote, et qu'ils permettent de saisir sur le vif le travail du logicien, d'abord victime des équivoques du langage naturel, prenant ensuite de ces équivoques une conscience progressive, sous la poussée interne des problèmes eux-mêmes, et parvenant enfin à les maîtriser. Au terme de cette évolution, la proposition particulière abandonne celles de ses connotations usuelles qui perturbent son maniement logique, et n'est plus définie que par sa place dans un système d'oppositions, avec toutes les conséquences que cela comporte." (p. 5)

  19. Caujolle-Zaslawsky, Françoise. 1980. "Les relatifs dans les Catégories." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 167-195. Paris: Vrin

    "La présente étude des relatifs (τά προς τι) porte exclusivement sur les Catégories, notre intention étant de souligner que la recherche menée dans ce traité a un caractère propre et distinct, caractère dont l’originalité semble échapper aux commentateurs qui ont lu les Catégories à la lumière de la Métaphysique.

    1. La question de l'ordre des catégories. Le point de vue logique.

    Les relatifs n’occupent pas toujours la même place dans l’énumération des catégories : on les trouve — notamment — tantôt avant et tantôt après la qualité. Ainsi, par exemple, dans la liste du début des Catégories (1b 25 sqq.), ils sont précédés par la substance, la quantité et la qualité, alors que dans le corps de l’ouvrage ils sont étudiés avant la qualité, tout de suite après la quantité ; l’ordre initialement indiqué n’étant d’ailleurs pas mieux respecté pour les catégories restantes : en fin de compte, seules les deux premières catégories de la liste (substance et quantité) conserveront leur rang initial. Dans les autres ouvrages, les relatifs sont promenés de la cinquième place de la table jusqu’à la première elle-même, suivant les circonstances. C’est en quatrième position, toutefois — après la substance, la quantité et la qualité (ou la qualité et la quantité), qu’ils figurent le plus souvent dans les textes (énumérations simples ou analyses de détail)." (p. 167)

  20. Colin, Bernard, and Rutten, Christian. 1994. Aristote. Categoriae. Index Verborum. Liste De Fréquence. Liège: Centre Informatique de Philosophie et Lettres.

  21. Couloubaritsis, Lambros. 1986. "Legomenon et Katégoroumenon chez Aristote." In Philosophie du langage et grammaire dans l'Antiquité, 219-238. Bruxelles: Ousia.

  22. Courtine, Jean-François. 2004. "La question des catégories : le débat entre Trendelenburg et Bonitz." In Aristote au XIX siècle, edited by Thouard, Denis, 63-80. Villeneuve d'Ascq: Presses Unversitaires du Septentrion

    "La critique de Bonitz

    Le petit traité de Hermann Bonitz (Über die Kategorien des Aristoteles,1853) trouve son point de départ dans une confrontation critique explicite avec Trendelenburg; «l’objet de la recherche et la nécessité d’un débat critique explicite avec Adolf Trendelenburg», telle est l’ouverture du traité où l’auteur déclarait d’emblée : « Je ne peux pas être d’accord, sur des points essentiels, avec les résultats que présente Trendelenburg». Ce que Bonitz se propose donc d’étudier, en «philologue», c’est le sens qu’avait la doctrine des catégories, «pour Aristote lui-même», ainsi que la place et lu fonction de cette doctrine dans la « structure globale » de sa pensée. C'est seulement après que ce point de départ aura été solidement assuré quil deviendra ensuite possible de s’interroger sur l’évolution de la problématique et ses transformations éventuelles à travers les époques (44).

    Ainsi, même si Bonitz partage avec Trendelenburg certains présupposée communs : l’importance du «retour» à Aristote en particulier, et s’il peut faire siennes les déclarations de Trendelenburg dans les Logische Untersuchungen, que nous avons rappelées ; s’il est, lui aussi, soucieux de proposer une nouvelle articulation philosophique et philologique, anti-idéaliste (en sens postkantien), il entend pourtant et d’emblée « défendre un point de vue différent », en s’attachant à ces deux questions directrices :

    1) Quelle est la signification des catégories pour Aristote ?

    2) Comment Aristote est-il parvenu à établir cette table des catégories ?" (p. 74)

    (...)

    "Et s'il faut accorder à H. Bonitz que les catégories aristotéliciennes sont bien des catégories de l’être, qu’elles renvoient au «tout de l’expérience», à «ce qui est», cette référence (Bezug, Bedeutung), parfaitement reconnue par Trendelenburg, n’est elle-même possible, dans le registre du traité Catégories, qu’en raison de l’entrelacement entre «dire et être», ou mieux encore rt plus précisément, parce que ce qui se dit est aussi et du même coup ce qui est dit des étants (conformément aux deux acceptions, indissociables, du verbe λέγεσθαι)." (p. 77)

  23. Crubelllier, Michel. 2015. "Domestiquer l’excès de l’être. La catégorie des relatifs entre Platon et Aristote." Quaestio. Journal of the History of Metaphysics no. 13:3-15

    "A l’intérieur du corpus aristotélicien, la notion des relatifs (pros ti) est présente dans deux types de contextes sensiblement différents :

    (I) Des contextes dialectiques, et plus précisément topiques, c’est-à-dire des contextes qui concernent la pratique de l’argumentation : des prédicats sont examinés dans la perspective de leur utilité pour construire des arguments. J’appelle « propriétés topiques » les propriétés qui concernent la recherche des arguments ; ce sont des propriétés du prédicat en tant que prédicat. Par exemple, puisque les relatifs admettent des contraires(1) et qu’ils admettent le plus et le moins(2), ils pourront être utilisés pour argumenter a contrario ou a fortiori.

    Les deux principaux passages pertinents sont le chapitre 7 et le chapitre 10 des Catégories. Dans ces occurrences, il est intéressant de noter que les relatifs posent manifestement des problèmes de délimitation : ils figurent notamment dans la plupart des « cas de catégorisation litigieuse », c’est-à-dire les cas où un même terme semble pouvoir être rangé dans (au moins) deux catégories différentes(3).

    (...)

    (II) Des contextes métaphysiques, dans lesquels Aristote souligne le peu de consistance ontologique et la position en quelque sorte marginale des objets qui relèvent de la catégorie des relatifs.

    Outre la notice de Métaphysique Δ 15 spécifiquement consacrée à la notion du pros ti, les principaux passages pertinents se trouvent dans des discussions tournées contre Platon et l’ancienne Académie, et tendent à souligner le peu de consistance ontologique et la position en quelque sorte marginale des objets qui relèvent de la catégorie des relatifs(6)." (pp. 3-4)

    (1) Aristote, Catégories, 7, 6b15-19.

    (2) Aristote, Catégories, 7, 6b19-27.

    (3) L’expression « catégorisation litigieuse » est de F. Ildefonse et J. Lallot, qui parlent aussi de « chevauchement de catégories ». Voir F. Ildefonse / J. Lallot, Aristote : Catégories, présentation, traduction et commentaires, Le Seuil, Paris 2002, pp. 162-178, pour un inventaire et une discussion approfondie de ces cas.

    (6) Il faut rattacher à cette liste différents contextes physiques, dans lesquels la caractérisation d’un objet ou d’un phénomène comme un relatif vise à diminuer ou à rejeter entièrement sa réalité et sa valeur explicative. Un passage typique est celui de Physique, V, 2, cité plus loin (cf. infra, p. 13 ).

  24. Delamarre, Alexandre J.L. 1980. "La notion de πτῶσις chez Aristote et les Stoïciens." In Concepts et Catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 321-346. Paris: Vrin

    "Lorsque Denys le Thrace, disciple d’Aristarque, définit la grammaire comme « l’étude empirique de l’usage le plus courant de la langue chez les poètes et les prosateurs », il apparaît encore comme un philologue attaché à l’examen des textes. Mais son ouvrage lui-même, un petit opuscule qui porte précisément le titre de Grammaire, est en fait la première grammaire de l’histoire, et l’origine de toutes les grammaires postérieures(1). Traduite, transposée, adaptée, elle domine la théorie occidentale de la langue, et nous la retrouvons dans les manuels des écoliers. Que contient cet opuscule? Une division et une définition systématiques des principales catégories grammaticales. Les éléments : voyelles, semi-voyelles, consonnes ; les diphtongues, les muettes, les aspirées, les liquides, l’accent; les parties du discours, au nombre de huit (§ 13) : le nom, le verbe, le participe, l’article, le pronom, la préposition, l’adverbe, et enfin la conjonction. On remarque que, presque à chaque fois, le terme français semble être, plus encore que la traduction, la transcription exacte, par l’intermédiaire du latin, du terme grec original. Ainsi, par exemple, le participe, μετοχή, qui participe de la propriété des noms comme de celle des verbes. Cependant, nous ne nous interrogerons pas sur ce passage du grec au latin, et sur les effets qui en sont résultés. Nous voudrions au contraire remonter au-delà de la grammaire elle-même, pour déterminer l’origine prégrammaticale d’une de ses catégories." (p. 321)

    (1) Sur ces problèmes, voir Steinthal, Geschichte der Sprachwissenschaft, II. [1863].

  25. Denooz, Joseph. 1996. "L'étendue du lexique chez Aristote." In Aristotelica Secunda. Mélanges offerts a Christian Rutten, edited by Motte, André and Denooz, Joseph, 81-90. Liège: Université de Liège. Faculté de Philosophie et Lettres

    "Pour ce volume d'hommage, nous avons choisi un sujet qui s'inscrit dans la ligne des études stylométriques que le Professeur Christian Rutten a consacrées au Stagirite: il s'agit d'une enquête comparative sur la diversité du vocabulaire chezquelques auteurs grecs." (p. 81)

    (...)

    "Dans les tableaux que nous présentons ci-dessous, nous ne prendrons en compte que trois données, à savoir la longueur du texte exprimée en nombre de mots-formes, le nombre de vocables et la moyenne d'emploi de chaque vocable. Cette dernière se calcule, pour un texte donné, en divisant le nombre de mots-formes par le nombre total de vocables.

    À partir du nombre de mots-formes que nous désignerons par n, du nombre de vocables symbolisé par v et de la moyenne d'emploi représentée par m, on peut considérer comme l'a proposé Ch. Muller(2) que le vocabulaire de l'oeuvre x est plus riche que le vocabulaire de l' oeuvre y si vx > vy et nx < ny." (p. 82)

    (...)

    "Les valeurs observées pour le Stagirite montrent que, dans la Métaphysique et la Physique, le vocabulaire est plus pauvre que dans le De partibus animalium.

    De même, le lexique des Catégories est moins étendu que celui de la Poétique : la différence entre ces deux oeuvres est nettement marquée puisque la Poétique, avec 154 mots-formes de moins que les Catégories, contient à peu près exactement le double de vocables (640-1241).

    La moyenne d'emploi du De anima (15,82) comparée à celle des Catégories (16,37) montre que le vocabulaire du premier est plus riche, étant donné les valeurs de n et de v pour ces deux oeuvres. De même, le lexique est plus étendu dans le De partibus animalium que dans les Catégories." (pp. 84-85)

  26. Derrida, Jacques. 1972. "Le supplément de copule. La philosophie devant la linguistique." In Marges de la philosophie, 211-246. Paris: Éditions de Minuit

    Première version publiée dans Langages, 24 décembre 1971.

    "Si, à partir de l'opposition, naïvement reçue, entre langue et parole, langue et discours, on tentait d'élaborer une théorie du discours philosophique, il serait difficile de contourner la question classique: le discours philosophique est-il réglé — jusqu'à quel point et selon quelles modalités — par les contraintes de la langue ? En d'autres termes, si nous considérons l'histoire de la philosophie comme un grand discours, une puissante chaîne discursive, ne plonge-t-elle pas dans une réserve de langue, réserve systématique d'une lexicologie, d'une grammaire, d'un ensemble de signes et de valeurs ? Dès lors n'est-elle pas limitée par les ressources et l'organisation de cette réserve ?

    Comment déterminer cette langue de la philosophie ? Est-ce une « langue naturelle » ou une famille de langues naturelles (grec, latin, germain, indo-européen, etc. ) ? Est-ce plutôt un code formel élaboré à partir de ces langues naturelles ? Ces questions ont une vieille histoire, elles remontent sans doute à l'origine de la philosophie elle-même. Mais on ne pourrait les ré-élaborer sans transformer ou déplacer les couples de concepts qui la constituent." (p. 211)

    (...)

    "Au lieu de suivre cette immense problématique en pleine mer, si l'on peut dire, peut-être vaut-il mieux, étant donné les exigences et les limites de cet essai, partir ici des propositions d'un linguiste moderne. On sait que Benveniste a analysé dans « Catégories de pensée et catégories de langue » (6) les contraintes par lesquelles la langue grecque limiterait le système des catégories aristotéliciennes.

    Ses propositions font partie d'un ensemble stratifié; il ne selimite pas au texte qui en énonce directement la thèse. Nous devrons en tenir compte le moment venu. Cette thèse, d'autre part, a déjà rencontré des objections de type philosophique(7) qui forment donc avec elle un débat dont l'élaboration nous sera précieuse.

    Voici d'abord la thèse: « Or, il nous semble — et nous essaierons de montrer — que ces distinctions sont d'abord des catégories de langue, et qu'en fait Aristote, raisonnant d'une manière absolue, retrouve simplement certaines des catégories fondamentales de la langue dans laquelle il pense » (p. 66).

    (...)

    (6) 1958, repris in Problèmes de linguistique générale, éd. Gallimard, 1966, p. 63.

    (7) Cf. P. Aubenque, « Aristote et le langage, note annexe sur les catégories d'Aristote. A propos d'un article de M. Benveniste », in Annales de la faculté des lettres d'Aix, t. XLIII, 1965, et J. Vuillemin, De la logique à la théologie, Cinq études sur Aristote, Flammarion, 1967, p. 75 sq.

  27. Duhot, Jean-Joël. 1994. "L'authenticité des Catégories." Revue de Philosophie Ancienne no. 12:109-124

    "L'authenticité des Catégories d'Aristote, qui n'avait fait l'objet d'aucune suspicion pour les Grecs(1), a commencé à être mise en cause au début de ce siècle. Jaeger, A. et S. Mansion, arguant de la singularité de la doctrine de la substance que présente l'opuscule, inclinaient à ne pas y voir la main du Stagirite(2). Reprenant les deux séries d'arguments, B. Dumoulin reconnaît ne pas pouvoir trancher la question(3). En revanche, d'un tout autre point de vue, la stylométrie, C. Rutten se montre favorable à l'authenticité(4). Nous nous proposons d'aborder ce problème à travers un autre critère, qui nous semble permettre l'authentifïcation de l'opuscule : l'origine même du terme de catégorie. Le concept titre de l'opuscule a suscité bien des interrogations. On a dépensé beaucoup d'habileté à essayer d'établir des relations entre les sens philosophique et judiciaire (accusation) du terme. Plutôt que de rapprocher catégorie et accusation, ce qui peut donner lieu à des subtilités gratuites, il semble opportun d'examiner le texte d'Aristote." (p. 100)

    (1) Nous ne tenons pas compte ici des cinq derniers chapitres, ou Postprédicaments, déjà mis en doute par les Anciens.

    (2) S. Mansion, "La première doctrine de la substance: la substance selon Aristote", et "La doctrine aristotélicienne de la substance et le traité des catégories", recueillis dans Études aristotéliciennes, Louvain, 1984, pp. 282 - 303, et 305 - 308; Le jugement d'existence chez Aristote, Louvain, 1976, n. 94.

    (3) "Sur l'authenticité des Catégories d'Aristote", Concepts et catégories, Paris, 1980, pp. 22 - 32.

    (4) "Stylométrie des Catégories", in Aristotelica, Bruxelles-Liège, 1985, pp. 315 - 329."

  28. Dumoulin, Bertrand. 1980. "Sur l'authenticité des Catégories d'Aristote." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 23-32. Paris: Vrin

    "L’ouvrage intitulé Catégories, généralement attribué à Aristote, témoignerait, selon Werner Jaeger, d’une «inversion nominaliste»(1) de la doctrine propre au Stagirite. Il caractériserait, selon le même historien, « la période de naturalisme et d’empirisme qui a marqué le Lycée après la mort d’Aristote »(2). Si on prend à la lettre l’expression de Jaeger, dans la proposition « Socrate est un homme », les Catégories voient en Socrate la substance première et dans homme la substance seconde, alors que dans la perspective d’Aristote, homme serait au contraire la substance première, et Socrate la substance seconde !"

    (...)

    "S. Mansion défendait une position presque aussi radicale : «le traité des Catégories doit-il être tenu pour un ouvrage de jeunesse d’Aristote? a-t-il été écrit par un de ses disciples? ou par un Académicien de cette époque? Il paraît sûr en tout cas que l’opuscule ne reflète pas la pensée du Stagirite arrivée à sa maturité et cela nous justifie d’avoir négligé le contenu du traité pour notre exposé sur la substance aristotélicienne.»(3)

    Disons tout de suite que nous n’allons pas chercher à résoudre en lui-même et dans son ampleur le problème de l’authenticité des Catégories. Occupé présentement à l’analyse génétique de la Métaphysique d’Aristote, nous voudrions seulement montrer le caractère inacceptable du jugement cité de W. Jaeger, et le caractère excessif de certaines formules de A. Mansion (selon qui le traité des Catégories « couvre des conceptions qui ne sont guère conciliables avec celles de la Métaphysique »(4). Nous aboutirons cependant à des conclusions de fond et de méthode voisines de celles que nous venons de citer sous la plume de S. Mansion...

    W. Jaeger et A. Mansion semblent considérer que, mises à part les Catégories, il existe chez Aristote une doctrine uniforme de la substance, et que les Catégories sont aberrantes par rapport à cette doctrine. Il importe donc de montrer l’évolution de la doctrine aristotélicienne de la substance." (pp. 23-24)

    (1) « Die nominalistische Umkehrung der aristotelischen Lehre von der ersten und zweiten οὐσία in der Kategorienschrift lässt sich nicht wegraümen oder -denken », W. Jaeger, Aristoteles, Grundlegung einer Geschichte seiner Entwicklung, Berlin, 1923, p. 45, n. 1 ; nous citerons sous le titre Aristotle la trad. angl., 1934, ici p. 46, n. 3.

    (2) Jaeger, Aristotle, même page.

    (3) S. Mansion, Le jugement d'existence chez Aristote, Louvain, 1946, p. 233, n. 61.

    « Les suspicions que nous avons élevées contre l’authenticité des Catégories n’ont pas réussi à ébranler l’opinion traditionnelle à leur sujet », reconnaît l’auteur dans une longue note, assortie d’une bibliographie, ajoutée à la réédition de son livre, mais elle réaffirme et précise sa position de 1946 (voir Le jug. d'exist. chez Ar., Louvain, 1976, note 94, p. 351-354).

  29. ———. 1983. "L'ousia dans les Catégories et dans la Métaphysique." In Zweifelhaftes im Corpus Aristotelicum. Studien zu einigen Dubia. Akten des 9. Symposium Aristotelicum, Berlin, 7-16 September 1981, edited by Moraux, Paul and Wiesner, Jürgen, 57-72. Berlin: Walter de Gruyter

    "Je tiens d’abord à dire que je ne suis pas un spécialiste du traite des Catégories, ni de la logique d’Aristote en général. Mon travail a jusqu’ici porté sur les Ethiques, sur le premier Aristote, et sur la Métaphysique; je cherche à reprendre à nouveaux frais l’entreprise illustrée par l’Aristoteles de Werner Jaeger, car cet historien me paraît avoir mêlé des confusions dommageables à des intuitions profondes. C’est mon essai d’une analyse génétique de la Métaphysique [*] qui m’a donné la conviction que le traité des Catégories n’était pas l’oeuvre d’Aristote, mais celle d’un disciple plus ou moins éloigné. L’aimable insistance de P. Moraux m’amène aujourd’hui à tenter de vous faire partager cette conviction." (p. 57)

    (...)

    "L’originalité de mon propos consistera donc à tenter de résoudre le problème de l’authenticité des Catégories en situant ce traité dans la courbe évolutive de l’ousiologie d’Aristote. Pour ce faire, je vais surtout m’attacher à des textes dont l’authenticité n’est pas contestée (par exemple, je ne ferai guère usage du livre K de la Métaphysique) (3).

    Pour retracer les grandes lignes de la doctrine aristotélicienne de l’ousia, je commencerai par quelques remarques sur les Topiques (I). Je considérerai ensuite les chapitres 9 et 10 du livre M de la Métaphysique (II), puis je résumerai la doctrine du livre Z de la Métaphysique (III). J’en viendrai alors au point névralgique de mon exposé, qui consistera dans une comparaison entre l’ousiologie des Catégories et celle de Métaphysique M 9 - 10 (IV). Une remarque de méthode pour terminer cette introduction: l’analyse génétique n’a des chances d’être concluante que si elle s’appuie sur l’examen du vocabulaire avant de rechercher l’enchaînement chronologique des idées." (p. 58)

    [* Recherches sur le premier Aristote, Paris: Vrin 1981.]

  30. Dupréel, Eugène. 1909. "Aristote et le traité des Catégories." Archiv für Geschichte der Philosophie no. 22:230-251

    "La question de savoir si l'écrit intitulé Κατηγορίαι est ou n'est pas l'oeuvre d'Aristote, après avoir été débattue déjà dans l'Antiquite, s'est posée de nouveau des que l'etude critique de laristotelisme a été remise en honneur. Spengel, Valentin Rose et Prantl(1) furent les premiers adversaires modernes de l'authenticité du traité des Categories.

    Je dirai tout de suite que ces auteurs me paraissent avoir justifié leur thèse, bien qu'un certain nombre de leurs arguments se trouvent être sans valeur : mais la majorité des savants n'en a pas jugé ainsi, et la thèse classique de l'authenticité du Traité, profitant d'une reaction qui dure encore contre le radicalisme critique, a trouve plus de defenseurs que d' adversaires. Zeller(2) a rallié a l'opinion traditionnelle la plupart des savants qui ont formulé leur avis sur la question, et recemment Gomperz(3), traitant de l'activité scientifique d'Aristote, a pris le traité des Categories comme point de départ et comme base de son exposé." (p. 230)

  31. Gambra, José Miguel. 2013. "La définition des relatifs dans les Catégories et son emploi dans les Topiques." Philosophie antique no. 13:225-242

    Résumé : "Le premier livre des Topiques constitue une sorte d’introduction théorique à la compilation de stratégies dialectiques présentée dans les livres centraux de cette oeuvre. Nombre des notions principales employées dans les règles d’inférence

    contenues dans les τόποι sont systématiquement exposées et ordonnées dans ce premier livre. Parmi elles, l’exemple le plus clair est celui des «prédicables». Il y a, néanmoins, d’autres notions, dont l’exposition doctrinale doit être recherchée dans les Catégories. Par exemple, les diverses sortes d’opposition entre termes, qui sont abondamment utilisées dans les Topiques, mais ne s’y trouvent pas définies. Dans cet article, je présente une analyse formelle des deux définitions des relatifs que l’on trouve dans Cat. 7, pour montrer ensuite comment elles sont employées dans les τόποι qui impliquent la prédication essentielle des relatifs,démontrant ainsi la cohérence de cette théorie et la dépendance étroite entre les deux oeuvres."

  32. Goldschmidt, Victor. 1956. "La théorie aristotélicienne du lieu." In Mélanges de philosophie grecque offerts à Mgr. Diès par ses élèves, ses collègues, ses amis, 79-119. Paris: Vrin

    Repris dans V. Goldschmidt, Écrits, Tome I. Études de philosophie ancienne, Paris: Vrin, 1984, pp. 21-62.

  33. Jaulin, Annick. 1996. "Form, individu et universel." Revue de Philosophie Ancienne no. 14:57-73

    "L'intitulé de ma communication : "Forme, individu et universel" tend à établir une partition entre la forme d'une part, l'individu et l'universel d'autre part. Cette partition reflète la distinction, proposée au livre Z, entre ce qui est nommé ousia prôtè - la forme -, et les deux sortes d'ousiai synoloi que sont l'universel et l'individu. Le développement de cette distinction, bien établie par le livre Z, me paraît de nature à éclairer les débats récurrents sur le fait de savoir si l'ousia est un universel ou un individu : l'ousia n'est ni l'un ni l'autre. La récurrence des débats (qui s'illustre par les conclusions opposées de deux livres parus la même année : 1988, M. Frede, G. Patzig, Metaphysik Z (München, Beck) pour qui l'ousia est un individu, tandis qu'elle est un universel pour M. Furth, Substance, Form and Psyche : An aristotelian Metaphysics (Cambridge University Press) me paraît être le signe de la non-pertinence de la question plus que celui de son aspect bien-fondé. Si, en outre, le fait de distinguer l'ousia, comme ousia prôtè, des deux formes de synoloi que sont l'universel et l'individu, permet d'établir la cohérence de la théorie de l'ousia proposée dans le traité des Catégories et dans les traités métaphysiques, il semble valoir la peine d'essayer de convaincre que cette distinction est nécessaire." (p. 57)

  34. ———. 2011. "Les Catégories d’Aristote : instrument ou doctrine ?" Revue Philosophique de la France et de l'Étranger no. 201:3-16

    "Il est sans doute important de rétablir le statut dialectique du traité des Catégories, car « les dialecticiens argumentent sur tout ; or l’être est commun à tout et, à l’évidence, ils argumentent sur ces questions parce qu’elles sont propres à la philosophie »(2). Ainsi les questions dialectiques sont également philosophiques. Sans ouvrir le dossier complexe du rapport entre dialectique et philosophie première chez Aristote, il suffit ici de rappeler qu’elles sont le fait de la même « puissance (dunamis) »(3). La question ne sera plus alors de savoir si la logique est un instrument ou une partie de la philosophie, mais si une philosophie peut aller plus loin que les instruments qu’elle se donne.

    La Métaphysique ne semble pas utiliser dans la recherche des causes, lors de la critique des thèses platoniciennes, des instruments autres que les catégories. Quelles que soient les subtilités herméneutiques déployées par Porphyre et ses successeurs pour contourner, à partir de la primauté de la forme dans les traités métaphysiques, le statut premier des substances sensibles dans les Catégories(4), il semble difficile de nier que l’ordre instauré entre les substances par ce traité ait quelque conséquence doctrinale. La question principale sur les objets présentés par le traité se trouverait ainsi déplacée : elle ne concernerait plus tant la nature des objets que l’ordre de leur présentation." (p. 16)

    (2) Métaphysique, Γ, 2, 1004b 19-22.

    (3) Métaphysique, Γ, 2, 1004b 24.

    (4) Voir sur ce débat, Lloyd P. Gerson, Aristotle and Other Platonists (2005, Cornell University Press), notamment ch. 3, « The Categories of Reality », p. 76-100.

  35. Majolino, Claudio. 2004. "De la grammaire à l'ontologie et retour. Le rapport entre catégories de l'être et grammaire philosophique selon Trendelenburg et Marty." In Aristote au XIX siècle, edited by Thouard, Denis. Villeneuve d'Ascq: Presses Unversitaires du Septentrion

    "S’il est bien vrai que le propre de la logique c’est le jugement - dit Trendelenburg -, le lieu du vrai et du faux, et que dans le jugement il faut bien reconnaître une forme de synthèse (la συμπλοκή), tout le problème est dans la façon dont il faut comprendre la nature d’une telle synthèse. Or, la première Critique kantienne nous avait appris que les catégories sont déduites à partir des formes du jugement, et c’est en ce sens précis que Kant peut reprocher à Aristote de ne pas avoir suivi un critère systématique dans la compilation de sa table des catégories (KdrV, A 81/B 107). La critique kantienne à l’égard d’Aristote est double : n’ayant pas reconnu que la Verbindung [connexion] propre au jugement est à l’œuvre dans l’activité synthétique de I'entendement et, en dernière instance, de la connexion entre sujet et prédicat opérée par le Je pense - qui lie aussi bien le multiple dans l’intuition que le sujet et le prédicat dans le jugement -, Aristote n’a pas pu reconnaître non plus le seul critère qui préside à la déduction des catégories : le critère transcendantal. Deux objections donc, dont l’une est la prémisse de l’autre : 1) Aristote s’est trompé au sujet de la véritable nature de la synthèse et donc 2) il n’a pas suivi un critère cohérent pour la déduction des catégories.

    Or, dans le texte de 1833, Trendelenburg répond aux deux objections en retournant contre Kant ses propres arguments. La thèse, d’ores et déjà exposée de façon claire et nette, est la suivante : chez Aristote les catégories sont tirées non pas des formes du jugement, mais plutôt de ses parties, et parce que Kant, lui, s’est trompé quant à la nature du caractère synthétique du jugement qu’il a pu accuser Aristote de ne pas avoir suivi un critère systématique pour la déduction des catégories." (pp. 85-86)

  36. Mansion, Suzanne. 1946. "La première doctrine de la substance : la substance selon Aristote." Revue Philosophique de Louvain no. 44:349-369

    Repris dans S. Mansion, Études aristoteliciennes. Recueil d'articles, Louvain-la-Neuve: Éditions de l'Institut Supérieur de Philosophie, 1984, pp. 282-303.

  37. ———. 1949. "La doctrine aristotélicienne de la substance et le traité des Catégories." In Proceedings of the Tenth International Congress of Philosophy. Amsterdam (11-18th August, 1949), edited by Beth, Evert Willem, Pos, H.J. and Kollah, J.H.A., 1097-1100. Amsterdam: North-Holland

    Vol. I, fasc. 2.

    Repris dans S. Mansion, Études aristoteliciennes. Recueil d'articles, Louvain-la-Neuve: Éditions de l'Institut Supérieur de Philosophie, 1984, pp. 305-308.

  38. ———. 1968. "Notes sur la doctrine des Catégories dans les Topiques." In Aristotle on Dialectic: The Topics. Proceedings of the Third Symposium Aristotelicum (Oxford, 1963), edited by Owen, Gwilym Ellis Lane, 189-201. Oxford: Clarendon Press

    Repris dans S. Mansion, Études aristoteliciennes. Recueil d'articles, Louvain-la-Neuve: Éditions de l'Institut Supérieur de Philosophie, 1984, pp. 169-182.

  39. Mariani, Emanuele. 2018. "Le fils des catégories, Trendelenburg, Kant et la réception de l'Aristoteles Kategorienlehre (1846)." Les Études Philosophiques no. 183:447-462

    "C’est à Trendelenburg que revient le mérite d’avoir relevé la critique adressée à Aristote par Kant puis réitérée, dans une tout autre perspective, par Hegel à l’égard de l’absence d’un critère directif de la table des catégories, dont l’énumération n’aurait été que le résultat fortuit d’une rapsodie." (p. 448)

    (...)

    À défaut d’une solution en principe définitive, nous estimons que ces apories peuvent du moins indiquer la « question » avec laquelle l’analyse est appelée à se confronter. C’est là notre hypothèse de recherche qui nous amène à réévaluer la réception que l’Aristoteles Kategorienlehre a généralement rencontrée : dans les hésitations du texte aristotélicien, Trendelenburg entrevoit les lignes directrices d’un plus vaste projet en vue d’une nouvelle philosophia fundamentalis, à même de combiner logique et métaphysique(13)." (p. 451)

    (13) 12. F. A. Trendelenburg, Aristoteles Kategorienlehre, p. 189 : « La doctrine des catégories » – nous lisons en 1846 – « ne trouvera son accomplissement que lorsque l’origine des concepts et la génération des choses procéderont ensemble. »

  40. Morrison, Donald. 1993. "Le statut catégoriel des différences dans l' Organon." Revue Philosophique de la France et de l'Étranger no. 183:147-178

    "Il n'est pas facile d'arriver à comprendre clairement la conception aristotélicienne de la différence. Les théories d'Aristote sur la division, sur la définition, sur l'essence et la substance, sur l'explication scientifique et la démonstration, exercent toutes un effet sur la notion de différence ; et inversement, elles sont toutes affectées par cette notion.

    De plus, la conception qu'Aristote s'est faite de la différence a évolué de façon significative dans le cours de sa carrière. Beaucoup des questions qui entourent la théorie aristotélicienne de la différence ont fait l'objet de discussions étendues. Mais il est un problème majeur qui n'a reçu que peu d'attention soutenue de la part des interprètes modernes : celui du statut catégoriel de la différence." (p. 147)

  41. Narcy, Michel. 1980. "Qu'est-ce qu' un figure ? Une difficulté de la doctrine aristotélicienne de la qualité." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 197-216. Paris: Vrin

    "Au chapitre 8 des Catégories, consacré à la qualité (ποώτης), Aristote, comme il l’a fait à propos des catégories précédentes (substance, quantité, relation), fait suivre son exposé de l’examen de deux questions : savoir, si dans l’ordre de la qualité (κατά το ποών 10 b 12) se trouvent contrariété (έναντώτης) et accroissement ou diminution (το μάλλον και τό ήττον). On peut noter d’ailleurs qu’à la réponse à ces deux questions se limiteront, au chapitre 9, les indications fournies au sujet des catégories de l’action et de la passion. Questions dont on a pu reconnaître qu’elles constituent comme l’application aux catégories aristotéliciennes d’un système catégorial plus ancien, provenant de l’Académie et dérivé, à travers le platonisme, du pythagorisme(1). Il peut paraître étrange de délimiter ici, en vue d’une étude de la catégorie de qualité, un passage d’allure adventice, où vient pour ainsi dire s’entrecroiser avec le fil de l’exposé d’Aristote, et contredire l’assurance de sa classification(2), une problématique qui semble d’autant moins lui appartenir en propre qu’elle contribue surtout à jeter le doute sur la cohérence de l’exposé qui précède." (p. 197)

    1)Cf. Ph. Merlan, Beitrâge zur Geschichte des antiken Platonismus I. Philologus 89 (1934), pp. 44-46.

    (2) Aristote distingue, rappelons-le, quatre sortes de qualités : état et disposition (έξις καί διάθεσις 8 b 26-9 a 13), aptitude et inaptitude (δύναμις-άδυναμία 9 a 14-27), qualités affectives et affections (παθητικαί ποιότητες καί πάθη 9 a 28-10 a 10), enfin figure et forme (σχήμα καί μορφή 10 a 11-26).

  42. O'Brien, Denis. 1978. "Aristote et la catégorie de quantité : divisions de la quantité." Les Études Philosophiques:25-40

    "L'analyse de la quantité, au chapitre 6 des Catégories, se fonde principalement sur la distinction entre ce qui est discret et ce qui est continu (4 b 20 sqq.). La quantité discrète est représentée par le nombre et par le logos; la quantité continue, quant à elle, est représentée principalement par la ligne, la surface et le corps, et d'une façon complémentaire (cf. παρά ταύτα) par le temps et le lieu (4 b 20-25)." (p. 25)

  43. ———. 1980. "Aristote: quantité et contrariété. Une critique de l'école d' Oxford." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 89-165. Paris: Vrin

    "L'école d'Oxford et le commentaire du Professeur J. L. Ackrill sur les ‘ Catégories ’ d'Aristote.

    L’influence de la philosophie dite « linguistique » ou « analytique » de l’école d’Oxford se fait ressentir dans plus d’une faculté de philosophie en Angleterre. Qui plus est, l’intérêt des philosophes de cette école ne s’est pas borné aux problèmes de la pensée contemporaine ; en effet, malgré l’esprit délibérément novateur — pour ne pas dire iconoclaste — d’un Ayer ou d’un Ryle, un intérêt porté à certains aspects de la philosophie de l’antiquité fait bien partie de la tradition qui s’inspire des ouvrages, Language, truth and logic (1936) et The concept of mind (1949) ; en témoignent, entre autres choses, les deux séries de la Clarendon Press dédiées, la première à Aristote (à partir de 1962), la seconde à Platon (à partir de 1973).

    Les contributions à ces deux séries se caractérisent par des traits communs ; on y voit notamment une tendance à privilégier la portée proprement philosophique d’un ouvrage de l’antiquité, par rapport aux problèmes de philologie et d’histoire. Évidemment, cette manière d’aborder le sujet soulève des questions de méthode fondamentales pour la recherche sur la pensée de l’antiquité ; et je ne cache pas, pour ma part, les réserves que m’inspirent les réponses contenues implicitement dans les ouvrages parus jusqu’ici dans les deux collections citées.

    Il ne s’agit pourtant pas d’approfondir ce problème en une soixantaine de pages ; ce n’est donc que pour signaler l’existence du problème, et pour poser un tout premier jalon, que l’exposé actuel s’est présenté sous la forme qu’il a. Je m’y suis borné, en effet, à l’étude d’un seul texte, et à l’examen du commentaire qu’en a fait l’un des adhérents les plus distingués de l’école d’Oxford. Le texte, celui des Catégories où Aristote cherche à montrer que les quantités ne peuvent pas avoir un rapport de contrariété (chap. 6, 5b11 sqq.) ; le commentaire, celui du Professeur J. L. Ackrill, qui occupe en ce moment une chaire de philosophie à l’Université d’Oxford, et qui s’intéresse notamment aux philosophes de l’antiquité.

    Je ne m’en tiendrai pas cependant à une œuvre purement critique — à fabriquer le commentaire d’un commentaire ; en passant par la critique, j’espère pouvoir apporter des éléments positifs pour éclairer les problèmes, à la fois linguistiques et conceptuels, qui ont fait de ce texte l’un des plus difficiles dans le traité des Catégories." (pp. 89-90, notes omises)

  44. ———. 1980. "Bibliographie annotée des études principales sur le 'Catégories' d'Aristote 1794-1975." In Concepts et catégories dans la pensée antique, edited by Aubenque, Pierre, 1-22. Paris: Vrin.

  45. Pelletier, Yvan. 1987. "Le propos et le proème des Attributions (Catégories) d'Aristote." Laval Théologique et Philosophique no. 43:31-47

    Résumé : "Le but de cet article est de manifester qu'Aristote, dans ses Attributions (Catégories), a pour propos de fournir le prémier principe systématique de toute recherche de definition. Ce but est atteint en deux temps: 1) par l'exposé direct de la conception que s'en fait l'auteur de l'article; 2) par la verification de cette conception à travers une lecture rigoureuse des quatre premiers chapitres formant le proème aux Attributions."

  46. Philippe, Marie-Dominique. 1958. "Le relatif dans la philosophie d'Aristote." Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques no. 42:689-710

    "Sans prétendre à une étude exhaustive, essayons ici de dégager la pensée d 'Aristote sur le relatif, selon les étapes suivantes : 1° partir des critiques qu'Aristote fait aux platoniciens sur ce point, puisque c'est à partir du platonisme et face à lui qu'il élabore sa propre philosophie ; 2° analyser Catégories. Il conviendra alors d'approfondir déterminer du point de vue métaphysique du relatif ; 4° ses modalités spécifiques dont Aristote le met en oeuvre dans ses divers traités." (pp. 689-690)

    (,,,)

    "Voilà bien les deux catégories extrêmes [substance et relatif] qui s'éclairent mutuellement : l'une exprime ce qui est entièrement soi-même, ce qui ne dit référence à rien d'autre, ce qui constitue un «premier» tant dans l'ordre de la détermination que du point de vue de l'existence; l'autre exprime ce qui est pure référence à un autre, ce qui est entièrement dit en dépendance d'un autre ou orienté vers un autre, et qui par le fait même n'est en rien pour soi.

    Ces deux catégories ne font d'ailleurs que traduire les deux manières extrêmes dont notre intelligence exprime le réel : ou bien comme un absolu ayant sa propre détermination et sa manière propre d'exister; ou bien comme un relatif totalement orienté vers un autre, incapable de posséder sa propre forme par lui-même." (p. 692)

  47. Purnelle, Gérald. 1996. "La proportion des conjonctions de subordination dans six oeuvres d'Aristotle." In Aristotelica Secunda. Mélanges offerts a Christian Rutten, edited by Motte, André and Denooz, Joseph, 91-102. Liège: Université de Liège. Faculté de Philosophie et Lettres

    "Mon propos sera ici d'utiliser les méthodes habituelles de la stylométrie dans une perspective différente de celle des études de chronologie et d'authenticité, afin d'appréhender, indépendamment de ces implications, certains traits stylistiques des textes étudiés. Je m'intéresserai aux matériaux étudiés (les mots, les catégories, leur fréquence) pour eux-mêmes, en cherchant à déterminer la manière dont les emploie Aristote dans six de ses textes.

    Les mots outils, même s'ils sont moins porteurs de sens que les mots pleins, n'en sont évidemment pas totalement exempts. Prépositions, conjonctions de subordination et même particules participent à la construction du sens de la phrase et du texte. S'il n'y a aucun inconvénient à regrouper toujours dans une même catégorie des mots tels que και. (conjonction) et τε, on conviendra que les conjonctions de subordination, par exemple, sont sémantiquement très différentes les unes des autres, et qu'une proposition causale n'est pas une consécutive. Il m'a dès lors paru intéressant d'aller plus loin que le simple dénombrement indifférencié des représentants d'une partie du discours, en éclatant l'une de ces catégories afin d'examiner la fréquence, dans quelques textes, de chacun des vocables qui lui appartiennent.

    Dans cette perspective, les conjonctions de subordination constituent un premier cas intéressant à étudier. Les différents vocables qui entrent dans cette classe sont peu nombreux (bien moins que les substantifs, les verbes ou les adverbes), et ce sont typiquement des mots outils. En outre, en tant que telles, les conjonctions participent à la construction du sens du texte d'une manière différente, par exemple, de celle des prépositions : le niveau de syntaxe auquel elles participent (les propositions) est supérieur à celui des prépositions.

    (...)

    Les textes examinés sont au nombre de six ; ce sont ceux qui ont été lemmatisés et analysés au LASLA et ont été constitués en fichiers informatisés contenant, pour chaque mot, une code de catégorie grammaticale. Il s'agit des Catégories, du Traité de l'âme (De Anima), de la Métaphysique, des Parties des animaux, de la Physique et de la Poétique. Cet ensemble paraît relativement varié, où se mêlent traités de philosophie, de logique et de biologie." (p. 92, note omise)

  48. Rutten, Christian. 1985. "Stylométrie des Catégories." In Aristotelica: mélanges offerts à Marcel de Corte, edited by Motte, André, 315-336. Bruxelles: Éditions Ousia.

  49. Stevens, Annick. 2000. L'ontologie d'Aristote. Au carrefour du logique et du réel. Paris: Vrin

    "Les définitions de l’homonymie, de la synonymie et de la paronymie constituent la première partie du traité des Catégories, tandis que dans sa dernière partie figurent de nombreux exemples de termes plurivoques à propos desquels il n’est jamais précisé si cette plurivocité correspond à l’une des trois formes définies. Cette constatation, et aussi le fait qu’après les trois définitions le texte passe abruptement à une autre problématique, a pu faire douter de l’homogénéité du traité et, partant, de l’authenticité des chapitres 1 et 10-14. Cependant, dans toute son œuvre, Aristote utilise toujours ces termes en accord avec les définitions données ici et en reproduit quelquefois des parties (cf. Topiques, VI 10, 148 a 23 sq.) En outre, la disposition des problématiques ne doit pas nous étonner, car le traité des Catégories se veut un inventaire, successivement, des différentes portées sémantiques d’un mot (champ sémantique unique ou multiple), des différents types d’expressions (combinées ou non combinées), des différents statuts ontologiques auxquels renvoient les mots (sujet, attribut, inhérent), des principaux genres des étants (les dix catégories), et enfin de quelques déterminants qui peuvent s’appliquer à des étants de chaque genre (comme « opposé », « antérieur », « ensemble »...). On peut donc considérer les définitions fournies comme une base fiable pour aborder les termes plurivoques dans le corpus." (p. 62)

  50. Surdu, Alexandru. 1971. "Interprétation symbolique des premiers chapitres des Catégories d'Aristote." Revue Roumaine de Philosophie et Logique no. 15:235-248.

  51. Thillet, Pierre. 1960. "Remarques sur les Catégories d'Aristote." Mélanges de la Bibliothèque de la Sorbonne no. 8:28-36.

  52. Thivel, Antoine. 1992. "Comment se forme un vocabulaire philosophique ? Essai de comparaison entre le grec, l'indien et le chinois." Lalies.Actes des Sessions de Linguistique et de Littérature no. 10:377-387

    Résumé : "La célèbre théorie de Benveniste sur les catégories de pensée et les catégories de langue, par laquelle il essayait de prouver que la pensée n'est qu'un reflet de la langue, en analysant les catégories selon Aristote, ne résiste pas à l'examen quand on essaie de l'illustrer par des comparaisons entre la philosophie et la grammaire en sanskrit et en chinois.

    Les notions grammaticales sonî inconscientes et élaborées par le sens commun, tandis que les concepts fondamenraux mis au point par les philosophes sont une formalisation consciente des idées cosmologiques de chaque peuple."

  53. Thouard, Denis. 2004. "Une métacritique des catégories : l'usage critique d'Aristote chez Trendelenburg." In Aristote au XIX siècle, edited by Thouard, Denis, 37-62. Villeneuve d'Ascq: Presses Unversitaires du Septentrion

    "Aristote est un partenaire essentiel pour la discussion de la question des catégories qui fut vive au cours du siècle. Remise par Kant à l’ordre du jour, cette question fut l’un des enjeux de l’idéalisme, en tant que celui-ci s’est donné pour tâche de ramener la pensée à ses conditions subjectives : non seulement ce qui apparaît, le phénomène, n’est qu’à la condition d’être présenté en tant que tel dans les formes générales de la subctivité, mais les grandes fonctions de la pensée, qui lui donnent un contenu déterminé et se répartissent en catégories, sont intégralement réductibles à l’auto-position de la subjectivité. Le primat du jugement établi par Kant doit être fondé par la réconduction des catégories à l’acte de la pensée. Autrement dit, la déductibilité des catégories est une pièce décisive du projet idéaliste en tant qu’il a partie liée avec l’élaboration du «synthétique a priori». Mais cette recherche d'un unique fondement des catégories a suscité des réserves sceptiques. Ces réticences se sont volontiers exprimées à travers un retour à Aristote, retour qui signifiait dans le même temps une interrogation sur la formation de la langue de la philosophie, sur le vocabulaire grec des catégories, sur le latin scolaire et sur la philosophie en langue nationale. L’attention aux catégories s’inscrit, comme on peut le montrer, dans la problématique générale de la métacritique, autrement dit d’une remise en question de la critique kantienne à partir du langage, soit pour l’invalider, soit pour la compléter. Cette orientation, quasiment contemporaine de la critique kantienne, a nourri l’opposition à l’idéalisme philosophique avant d’être reprise dans l’orientation anti-spéculative de la «critique du langage» ou Sprachkritik, puis dans la réduction de la philosophie à l’analyse du langage." (p. 37, une note omise)

  54. Touratier, Christian. 1992. "Catégories de langue et catégories de pensée : (Benveniste lecteur d'Aristote)." Lalies.Actes des Sessions de Linguistique et de Littérature no. 10:367-376

    Résumé : "Alors que Benveniste pense que les catégories de la logique d'Aristote ne sont que la transposition des catégories de la langue grecque, on essaie de montrer que, même chez Aristote, les catégories linguistiques ne sont pas parallèles aux catégories logiques, et que s'il y a parallélisme c'est entre les catégories aristotéliciennes et les définitions logicisantes des catégories linguistiques, que la tradition grammaticale a du reste abusivement empruntées à la logique d'Aristote elle-même."

  55. Trendelenburg, Friedrich Adolf. 2018. "Les Catégories d'Aristote." Les Études Philosophiques no. 183:345-362

    "Ainsi, toutes les parties du discours, peut-on penser, ont donné lieu à leur catégorie. Il reste certes les conjonctions ; mais, puisque les catégories sont issues de la dissolution de l’énoncé*, les conjonctions sont par elles mêmes exclues des catégories. Quant aux pronoms qui, une fois mise à part la matière propre des notions si l’on peut dire, ne conservent que la nature du genre, tant s’en faut qu’on puisse leur assigner des catégories propres, qu’ils ont imposé leur nom, à une grande partie de ces catégories. Ousia en effet est qualifié habituellement de tode ti**, par quoi on signifie ce qui est défini à tous égards de telle sorte qu’on puisse le montrer dans son lieu. La seconde et la troisième catégorie sont intitulées poson et poion, qui sont des pronoms adjectifs ; pou et pote, qui sont des expressions du lieu et du temps, pourraient être appelés des pronoms adverbiaux.

    Voilà à peu près ce qui dans les catégories se ressent de son origine grammaticale.

    Tel ne fut pas, pourtant, le tour d’esprit d’Aristote de ne s’attacher qu’aux simples formes de langues ; toutes les traces qu’il paraît en avoir décelées, il les a perfectionnées de façon à faire porter son investigation sur les contenus des notions, après avoir mis à l’écart ces formes." (p. 358)

    (...)

    "Donc, une fois abandonnée l’idée d’une origine pythagoricienne des catégories, il fallait rechercher leurs causes dans le système même de la philosophie aristotélicienne. Si nous avons réussi, sinon à mettre en évidence l’ensemble des causes, du moins à en élucider une espèce, qui ait conduit le philosophe à établir précisément ces genres de notions, il nous semble avoir en tout cas fait avancer la question." (p. 362)

    * « Κατὰ μηδεμίαν συμπλοκὴν λεγόμεναι », Catégories, chap. 4 [1b25 ; « Ce qui se dit sans combinaison », p. 61]

    ** Cf. Aristote, De l’âme, I, 1, § 3 [412a], p. 206 de notre commentaire [Iéna, Walz, 1833].

  56. van Aubel, Madeleine. 1963. "Accident, catégories et prédicables dans l'oeuvre d'Aristote." Revue Philosophique de Louvain no. 61:361-401

    "La philosophie scolastique, lorsqu · elle définit la notion d'accident, accorde à ce terme, c'est bien connu, une double signification.

    Elle parle d'accident logique (ou prédicable) et d'accident métaphysique (ou prédicamental).

    Cette présentation, qui se réfère à deux théories bien distinctes - la théorie métaphysique des Catégories ou genres suprêmes de l'être, et celle des prédicables ou modes de la prédication -, se réclame d'ordinaire directement de la philosophie de saint Thomas, et indirectement de celle d'Aristote.

    Or, lorsqu'on entreprend l'étude du sens qu'avait pour Aristote le terme το συμβεβηκός - traduit accidens par les scolastiques -, on est amené bien vite à se demander s'il est permis d'attribuer à Aristote la distinction précise et explicite établie depuis des siècles entre l'accident logique et l'accident ontologique.

    Car, s'il est indiscutable que l'on trouve chez Aristote tous les éléments qui ont permis la distinction aujourd'hui nettement définie entre les deux théories dont nous parlons, il n'apparaît cependant pas de façon aussi claire qu'elle soit déjà Jormellement perçue par Aristote, que celui-ci ait déjà présenté comme tels un accident logique et un accident métaphysique bien distincts l'un de l'autre.

    Face à cette constatation, nous nous sommes posé la question qui constituera l'objet de cette étude : comment Aristote comprenait-il l'accident ?

    Cela nous force d'ailleurs à nous demander préalablement ce que représentaient pour le Stagirite la théorie des prédicables et celle des catégories, et à tenter ensuite de déterminer la place qu'occupait la notion d'accident dans la pensée du philosophe." (p. 361)

  57. Van Schilfgaarde, Paul. 1963. "Les catégories d'Aristote." Revue de Métaphysique et de Morale no. 68:257-267

    "Par catégories aristotéliciennes, on entend le plus souvent des énonciations, déclarations, expressions, prédicats; mais le verbe grec signifie " s'adresser à " avec le sens accessoire d'accuser, obliger. Je ne discute pas ce qu'ont entendu les autres, dans une autre façon de penser, cette notion : dans l'esprit d'Aristote la vérité du monde ou de l'univers est adressée par les catégories et en même temps cette vérité est jugée responsable de cette dénomination ou qualification, de telle façon ce n'est pas l'homme qui en raisonnant attribuerait quelque chose monde ou qui ferait des observations plus ou moins véridiques sur monde (thèse jusqu'à présent maintenue par un nominalisme soit ouvert, soit déguisé) ; mais bien que le monde est appelé par la raison l'homme par son vrai nom - un appel qui à la fois contient un défi une accusation. Si l'on s'adresse, par exemple, à la nature animale par désignation " cruelle ", sous condition que ce nom soit accepté par nature animale (c'est-à-dire qu'il soit " vrai "), alors cette nature male est responsable (dans le sens scientifique, non pas dans le moral) de sa crudélité et en porte la " culpabilité ". "(p. 257, notes omises)

  58. Vuillemin, Jules. 1967. "Le sistème des Catégories d'Aristote et sa signification logique et métaphysique." In De la logique à la théologie. Cinq études sur Aristote, 44-125. Paris: Flammarion

    Deuxième étude: Le sistème des Catégories d'Aristote et sa signification logique et métaphysique.

  59. Zaslawski, D. 1969. "Termes, propositions, contrariété et contradiction." L'Âge de la Science no. 2:21-54.